Argoat Ecopâturage

Denis et Pol Messager
Eco-pâturage
Caurel (22)

Lundi

Merci William pour le témoignage de la semaine dernière.Je me présente Denis Messager, j’ai 52 ans. J’ai effectué des études agricoles du BEPA (Brevet d’études professionnelles agricoles) au BTS production Animale. Je me suis un peu éloigné du monde agricole durant une vingtaine d’années pour travailler dans le médico-social. Pour finalement monter mon entreprise agricole il y a 6 ans en me consacrant à l’élevage de moutons et de chèvres dans le but de proposer des services d’entretien du paysage : Argoat écopaturage .

Moi, c’est Pol, j’ai 24 ans. J’ai fait un BAC ainsi qu’un BTS agricole avant d’effectuer une licence tourisme avec l’envie de travailler à la fois en contact avec des animaux et des gens. J’ai eu des expériences professionnelles divers (élevages, structures zoologiques, animation,…) avant de revenir vers l’éco-pâturage et donc l’élevage familiale. J’ai commencé en début d’année mon parcours d’installation avec un 3P (Plan de Professionnalisation Personnalisé) avec l’objectif de m’installer en janvier 2023 avec Denis.

Petite anecdote, le nom de la société Argoat écopaturage à un double sens pour ceux qui parlent anglais !

Mardi

Aujourd’hui, nous allons vous présenter nos animaux :- Moutons d’Ouessant : ils ne sont plus en voie de disparition grâces aux associations de protection. C’est le plus petit mouton du monde qui fait moins de 50 cm. Nous avons 25 adultes.

– Moutons de Landes de Bretagne : 45 adultes.

– Mouton de Belle-Ile : 20 adultes

– Moutons Roussin : 10 adultes

– Chèvres des fossés : 60 adultes

Plus la race est imposante, moins on en a. Je veux montrer qu’il y a d’autres races que le Ouessant qui, lui, est déjà sauvé de la disparition.

Pourquoi les races bretonnes ? On souhaite participer à préserver le patrimoine local et vivant. Ces races rustiques sont adaptées à notre climat et à notre végétation. Il est possible de les laisser dehors et ce sont des races qui demandent peu de frais vétérinaires.

Mercredi

Nous allons vous présenter aujourd’hui les endroits où nous intervenons. Nous limitons notre rayon d’intervention à une heure de route autour du siège de l’élevage (lac de Guerlédan) pour limiter notre impact environnemental et avoir un suivi des différents chantiers à rythme hebdomadaire.

Nous intervenons sur des collectivités locales ou territoriales, des entreprises, et chez les particuliers de temps en temps. L’activité est liée à la végétation, il y a une période creuse de septembre à mars. Nous avons 10 ha en prairie permanente sur lesquels les animaux pâturent en période creuse.

L’essentiel des chantiers consiste à entretenir dans les zones difficiles d’accès au niveau mécanique tels que les bassins de rétention d’orage, les terrains à forte déclivité, les terrains en friches… Pour ces derniers, les chèvres vont défricher plus lentement et ça permet de voir quelle orientation on va donner au paysage. Par exemple, j’interviens, pour le Conseil Départemental des Côtes D’Amor ( Côtes d’Armor le Département ) à la Villa Rohannec’h à Saint Brieuc. J’ai proposé de retrouver les prairies naturelles du parc de la villa. Nous avons eu les mêmes conclusions que les ingénieurs du paysage avec un retour aux aménagements d’antan. L’interdiction des produits phytosanitaires dans certaines communes m’a permis de proposer mes services et ainsi dégager du temps aux agents pour d’autres tâches. Les aménagements mécaniques augmentant en plus les risques de maladies professionnelles ou les accidents. Les agents peuvent ainsi avoir du temps pour s’occuper de la partie fleurissement des villes en revenant vers ces anciennes pratiques. L’animal a un rôle à jouer pour dégager du temps pour l’humain et l’aider dans ses tâches.

Jeudi

Le fait d’avoir fait une formation en zoothérapie m’a renforcé dans ma conviction que l’animal à un impact dans la relation humaine. Par exemple dans un collège où je vais avec des moutons d’Ouessant, il y a une élève qui est hyperactive. Au lieu de la sanctionner, la directrice lui fait faire le tour avec les moutons pendant 10 minutes, et cela lui permet d’être apaisée pendant la journée. La médiation animale permet d’apaiser les gens.

C’est aussi le cas avec les entreprises où cela permet aux salariés de s’évader, notamment durant les restrictions sanitaires ou après pour prendre leurs pauses déjeuner. Cela crée aussi du lien social dans les espaces urbains. Par exemple, ce sont souvent les sorties des assistantes maternelles ou la balade du dimanche en famille. Les gens se croisent et discutent, les animaux leurs permettent de lancer les conversations. Cela facilite le lien avec les gens.

Dans des quartiers, cela fait également revenir les habitants qui redécouvrent leurs espaces et créent du lien avec le voisinage.

Cela réveille chez chacun un lien transgénérationnel où on se rappelle qu’il y avait des agriculteurs dans le cercle familial.

Vendredi

Nous essayons également de montrer, de vulgariser le travail agricole aux différents publics auxquels nous sommes confrontés. Ramener une activité d’élevage (plutôt rurale) en milieu urbain permet de créer de l’échange et de discuter. Nous constatons que l’agriculture a une image généralement un peu ternie surtout par méconnaissance mais qu’en discutant, en expliquant simplement notre travail, les avis changent vite ! C’est l’élevage, le pâturage qui a façonné et qui façonne encore aujourd’hui notre beau paysage breton. Sans l’élevage, un grand nombre d’animaux ET de végétaux (sauvages comme domestiques) seraient amenés à disparaître.

Il est pour nous important de partager ces informations pourtant très simples, mais qui ne sont plus forcément acquises par tout le monde, nous profitons ainsi de nos passages auprès de nos animaux pour transmettre l’information au public.

Merci de nous avoir suivi cette semaine. N’hésitez pas à nous rendre visite sur notre page Facebook Argoat écopaturage.