Bertrand Monnerie
Bonjour, merci à Olivier d’avoir présenté son élevage la semaine dernière. Je m’appelle Bertrand Monnerie, je suis arboriculteur cidrier à Gaël (35). J’ai 52 ans, je suis marié avec 2 enfants.
Après un BEP agricole, j’ai travaillé 13 ans à la laiterie Triballat, puis encore une dizaine d’années à l’INRAE. J’étais en recherche d’un projet à monter et j’ai repris cette exploitation qui me correspondait bien de par mon expérience (j’aime bien les vergers et la conduite des arbres) et par ma formation (je connais la commercialisation et la gestion financière). Je me suis installé le 1er octobre 2012.
Quatre salariés travaillent avec moi, trois à temps plein, un à temps partiel.
J’ai 30 ha en production et 2 ha de jeunes vergers, avec différentes variétés de pommes à cidre que je présenterai dans la semaine.
Je propose des jus de pommes, du cidre (doux, demi-sec et brut), du poiré, du cidre rosé et un cidre blanc.
Bonne semaine en ma compagnie !
J’ai une dizaine de variétés de pommes à cidre dans mon verger : douce coet, kermerrien, petite jaune, douce moën… Je les assemble pour faire mon cidre.
Une exception, un cidre blanc que je ne produis qu’à partir d’une seule variété, la Guillevic.
Je les cultive sous le cahier des charges de l’agriculture biologique.
Une des particularités de mon verger, ce sont mes brebis Shropshire. Elles contribuent à entretenir le terrain et les arbres. Elles mangent le lierre qui pousse sur mes pommiers et chassent les mulots et campagnols qui mangent les racines en écrasant leurs galeries. Sans parler de l’entretien de l’herbe et de la fertilisation. Bref, du gagnant-gagnant !
Nous sommes dans une période de récolte. Elle se fait au pied de l’arbre par une machine qui récupère les pommes tombées naturellement.
Direction la station de triage où les pommes sont vidées dans une première trémie qui fera un tri des déchets (bois, herbe, feuilles…). Un deuxième tri manuel sur un tapis s’opère pour enlever les pommes pourries. Une partie est vendue en l’état à un industriel, l’autre est transformée par mes soins.
Mes pommes vont ensuite à la cidrerie et sont vidées dans une trémie de réflexion où l’on trie à nouveau les pourries qui auraient pu nous échapper. Elles passent ensuite dans une laveuse, puis dans un broyeur. Sous ce broyeur, une cuve réceptionne les pommes broyées. Une fois remplie, elles vont au pressoir par un tuyau. Du pressoir, on récupère le jus qui part dans une cuve.
Ce jus va fermenter dans la cuve, pour une durée plus ou moins longue en fonction de ce que l’on veut obtenir. Pour un jus de pomme, le jus sera rapidement tiré et pasteurisé. On laissera un peu plus longtemps pour un cidre doux, puis un demi-sec et un brut. La fermentation joue sur les niveaux de sucre et d’alcool : plus c’est long, moins il y aura de sucre et plus il y aura d’alcool.
À noter que le marc est très utile. Le mien part en méthanisation : comme il est riche en sucre, il est très utile pour lancer le processus de méthanisation !
On termine évidemment par la mise en bouteille, l’étiquetage et la commercialisation.
Je vends mes produits en restaurants, un peu en petites et moyennes surfaces locales, en caves et dans les magasins de produits fermiers.
Je fais de la vente à la ferme également. La demande monte pour le local, le confinement a joué. Je pense que les gens reviennent à des choses plus simples. Ils veulent comprendre d’où vient ce qu’ils boivent et mangent. Ils aiment venir sur place et voir ce qu’ils achètent.
Avant de vous laisser, un mot sur le dérèglement climatique que nous vivons. Cela devient compliqué de naviguer entre de longues périodes de sécheresse et de coups de chaud comme la semaine dernière et des pluies comme l’hiver dernier.
Avec la montée des températures, les cidres changent. Ils deviennent plus sucrés, plus liquoreux et le résultat n’est pas forcément meilleur. Le cidre est fragile. Quand il rentre en cidrerie et qu’il fait plus de 20°, il évolue très vite et il faut réussir à le maîtriser
Ces changements climatiques seront de gros problèmes pour nous à l’avenir. Il y a des choses à faire, notamment pour stocker l’eau, sinon des agriculteurs disparaitront. Ce sera compliqué, mais il faut trouver des solutions.
Merci de m’avoir suivi cette semaine. Lundi, rendez-vous au Clos du Moulin, pas très loin de chez moi !