Elodie et Julien Bahuon
Lundi
Bonjour, merci à Olivier et à Linda Le Large pour la semaine dernière ! Nous sommes Elodie et Julien Bahuon, éleveurs de vaches allaitantes et laitières bio à Sulniac (56).
Nous sommes tous les deux originaires du Finistère. Après un Bac S et comme j’aimais travailler avec les animaux, j’ai poursuivi avec un BTS Productions Animales au Lycée du Nivot. J’ai ensuite travaillé 15 ans comme salarié en élevage de porcs. Elodie a un Bac Pro en production pépinière et un BEPA en vente de produits horticoles en jardinerie.
Nous nous sommes rapprochés des parents d’Elodie en nous installant ici. En 2016, on m’a proposé la ferme et comme je saturais dans mon ancien poste, j’ai accepté. la ferme était déjà en bio avec 27 VA limousines sur 64ha ; j’y ai ajouté un atelier porc bio en commençant avec 3 truies pour augmenter à 7 truies au maximum et vendre 2 porcs par semaine.. En 2019, j’ai repris l’élevage laitier voisin que j’avais déjà mise en conversion bio. C’est aussi cette année-là qu’Elodie m’a rejoint sur la ferme comme salariée.
Aujourd’hui, nous avons 40 vaches allaitantes et 50 vaches laitières sur 120 ha (100 ha en herbe, 10 en maïs, 10 en céréales). On ne s’occupe que de la partie herbe, le reste est délégué. L’élevage de porcs nous a aidé les premières années mais on laisse tomber l’atelier : les mises aux normes vont nous coûter trop cher.
Bonne semaine en notre compagnie !
Mardi
Le tri des bêtes est parfois compliqué. Cela implique beaucoup de manutention et du stress pour elles comme pour nous. Elles ont leur caractère…
Nos lots de génisses et de bœufs sont situés en dehors du village. On prend donc une bétaillère et notre parc de contention mobile. Elles ne sont pas habituées à ça et cela peut compliquer les choses. Là, nous avons 7 limousines de réforme et leurs veaux qui vont partir en partie en raison de leur mauvais caractère.
Depuis 2017, nous faisons du dressage de génisses grâce à la méthode Souvignet. Depuis, on sent bien la différence. Au moment du sevrage, on les attache au licol 8h par jour pendant 3 jours et on les manipule le plus possible et on passe du temps avec elles. Maintenant, au champ, les mieux dressées nous suivent. C’est un vrai gain de temps et de sécurité pour nous. Dernièrement, ça a un peu bluffé le vétérinaire qui a pu faire ses prises de sang sans qu’elles ne bronchent.
C’est important de prendre du temps pour être avec les animaux. Les vaches sont au centre de notre attention.
Mercredi
Nous n’avons pas de salariés. C’est un peu dur de trouver une personne pour remplacer un de nous, alors les deux !
Alors, on accueille des écoles et des stagiaires car c’est l’avenir. On reçoit les primaires pour qu’ils puissent voir les animaux. Même les gens de la campagne connaissent mal la ferme. Les élèves de MFR viennent faire leurs TP (clôtures, tri…). Des étudiants du Lycée La Touche viennent voir comment c’est en bio. On prend des stagiaires de la 3ème – CAP jusqu’aux ingénieurs. Cette année, Julie nous accompagne.
C’est important de bien les former, notamment au dressage. J’aurais appris plus tôt, j’aurais gagné 2 ans et plus de sécurité. On veut leur montrer notre méthode et leur faire comprendre qu’ils doivent passer du temps avec leurs animaux.
On passe du temps avec eux, on les suit. Il faut qu’ils progressent à l’école en parallèle de la ferme, quitte à les enfermer au bureau pour leurs rapports 😉
Jeudi
Je fais moi-même les inséminations et les échographies. Ça vient de mon passé en élevage de porcs et ça permet de limiter les intervenants extérieurs. Un gain de temps : pas besoin d’attendre l’inséminateur, je fais et ça évite que la vache patiente 2h en s’énervant. Ça préserve un peu la situation sanitaire de l’élevage.
J’aime ça de base et je ne perds pas de temps ainsi.
La technologie nous aide aussi beaucoup. J’utilise beaucoup Icownect. Ce logiciel suit le troupeau en temps réel et je peux retrouver des informations rapidement. On a également investi dans des capteurs de chaleurs, des capteurs de vêlage (on dort beaucoup mieux) et des caméras dans le box de vêlage pour surveiller de loin. C’est de la technologie qu’on apprécie pour notre confort de vie !
Vendredi
Nous sommes arrivés sur Youtube par hasard. Nous avions d’abord une page Facebook que les gens aimaient bien. Elodie s’est inscrite à une formation de la Chambre d’Agriculture pour le montage de vidéos. On a créé la chaine Youtube pour pouvoir diffuser des vidéos plus longues. Aujourd’hui, on a 5500 abonnés depuis le mois de mars et les retours sont supers.
On veut montrer ce que l’on fait pour des gens qui ne sont pas du milieu. On s’est rendu compte que les gens sont en demande de notre quotidien d’éleveurs. Ils posent plein de questions ! Ils se rendent compte que c’est du boulot, qu’on en fait des choses ! C’est cette polyvalence qui rend le métier intéressant.
On reste simple et accessible avec de bonnes explications. Ça prend du temps de les faire. Elodie essaie de publier une fois par semaine.
La reconnaissance nous fait du bien. Avant, on était des « bouseux ». Maintenant, nos enfants sont fiers de montrer la ferme à leurs copains en visite. Le regard change un peu, comme notre métier.
Merci de nous avoir suivis !