Julien Hindré
Bonjour, merci à Florence et à Marc pour leur passage la semaine dernière. Je m’appelle Julien Hindré, je suis agriculteur à Plouzané à la pointe du Finistère. J’ai 37 ans, je suis marié avec Audrey qui travaille dans le secteur bancaire et j’ai deux enfants de 6 et 2 ans. (Robin et Elsa)
J’ai un BEP et un Bac pro passés au Lycée du Nivot, avec un parcours orienté vers le lait. Je me suis spécialisé avec un CS machinisme à Loudéac. J’ai fait mon apprentissage d’un an dans une entreprise de travaux agricoles où j’ai été embauché pendant 6 ans. Ça a été une expérience très formatrice et je conseille aux futurs agriculteurs d’avoir été salarié ou d’avoir travaillé ailleurs. Voir d’autres choses, apprendre des choses que l’on n’aborde pas ou peu en cours, c’est important. À l’ETA, j’ai appris à souder, à bricoler, j’ai fait des travaux publics, du réseau, de l’électricité… des choses qui me servent aujourd’hui comme je vous le présenterai dans la semaine.
Une opportunité s’est présentée à côté de chez mes parents en 2011 et j’ai repris cette ferme voisine. J’ai repris les 45 vaches et 50 ha et je me suis installé avec mes parents. Eux avaient 100 truies naisseurs engraisseurs, un troupeau de 45 vaches et 45 ha de terres. Pendant un an, j’ai fait une partie du nouveau bâtiment en auto construction. Il est fonctionnel, n’oblige plus à traverser la route et proche des pâturages. Les veaux sont proches de la salle de traite et sous niches, et moi sous auvant protégés du vent et de la pluie. Enfin, autour du bâtiment, il y a de l’espace et de plain-pied, ce qui est pratique quand on veut organiser des visites.
Mes parents sont partis en retraite l’année dernière. C’est surtout sur la partie porcine que l’ont avait fait évoluer les choses : je ne fais plus que de l’engraissement. J’ai donc 95 vaches laitières et 102 ha divisés en trois sur de l’orge, du maïs et de l’herbe.
Un salarié à plein temps travaille avec moi, ainsi que 2 retraités actifs ?
Je suis président de la CUMA Ar Bodou. Depuis longtemps, j’organise des visites d’écoles avec un collectif d’agriculteurs qui s’appelle Rés’agri et la ville de Brest. L’été dernier, j’ai ouvert ma ferme au public. J’ai arrêté en septembre et je n’ai pas repris avec le confinement. J’aime communiquer, parler de mon métier. Je trouve ça fun et ça m’intéresse de développer d’autres d’actions en lien avec le public et surtout les enfants
Je vous montrerai dans la semaine tout ce que j’ai mis en place pour gagner du temps dans ma ferme.
Je nettoie les trayons en un seul passage avec des lingettes imbibées comme pour les bébés. J’en profite pour tirer les premiers jets de lait : c’est là que je détecte d’éventuelles mammites.
Je ne mets pas de pommade sur les trayons après la traite. Je fais le choix d’avoir des logettes propres et mes vaches se portent bien. C’est un choix économique (pas d’achat de produits) et surtout un gain de temps.
À la traite, je peux facilement isoler une vache en vue d’une insémination ou d’une échographie. Ça dirige les vaches vers une salle où on peut les bloquer pour les manipuler. C’est facile et plus sûr pour nous tous.
Je nourris mes veaux femelles avec de la poudre de lait. J’ai bricolé pour les nourrir vite et bien. Je mélange la poudre de lait et de l’eau chaude dans un pot gradué. On mélange de façon astucieuse comme vous le verrez dans la vidéo et c’est prêt !
À nouveau un choix de simplicité et de rapidité. La ration de mes vaches est composée de maïs et, pour complémenter, du soja, du colza et un peu de tourteaux de cacao. Je mets cette ration dans un godet désileur. Mon télesco pèse les quantités pour être sûr que je distribue les mêmes quantités tous les jours.
Elles ont de l’affouragement en herbe fraîche que je leur distribue ensuite. Là aussi, un peu de bricolage pour pousser très facilement l’herbe au plus près des vaches.
On a un robot racleur qui permet de ramasser les effluents dans la ferme pour les emmener à la fosse. Ses horaires et circuits sont préréglés le matin et le soir. À nouveau du gain de temps.
Je suis président de la CUMA Ar Bodou depuis 5 ans. C’est une coopérative de matériels mis en commun avec tous ses adhérents : tracteurs, outils utiles à l’agriculture, pelle à chenille, nacelle… Un salarié, Mathieu, y travaille avec un apprenti. Nous avons pris l’option de faire « garage ». Nous pouvons y faire tous les dépannages de première nécessité : flexibles hydrauliques, machines à pneus… à proximité et pour un prix divisé par deux.
J’y trouve un gain économique mais aussi un super lien social. Nous sommes un groupe dynamique et soudé, très solidaires et à l’écoute entre nous.
Les découvertes à la ferme
J’ai créé ma page Facebook Visite de la ferme de Julien à Plouzané. C’est surtout le partage par la page Récréatiloups qui a attiré du monde et le bouche à oreille a suivi.
La réservation est obligatoire. Les gens me contactent par téléphone ou par la page. Cet été, la visite commence à 16h. On va chercher les vaches au champ. Je leur montre la salle de traite vide pour leur expliquer ce qu’ils vont voir. Autour du tank à lait, je leur explique comment mon lait est vendu. On finit par l’alimentation en allant les voir manger. Je passe ensuite en mode « travail » : je fais rentrer les vaches en salle de traite devant les gens et je permets aux enfants de traire en leur montrant comment il faut faire. Je leur fais goûter un peu de lait, on va nourrir les veaux, je distribue quelques goodies de mes partenaires et on fait un petit tour de tracteur.
Ça dure 1h30, la visite est libre même s’il y a une tirelire cochon si les gens veulent laisser quelque chose. Ils me laissent des messages sur mon livre d’or et ça booste ?
Merci de m’avoir suivi cette semaine ! Je clôture cette année 2020 d’Agribretagne en vous souhaitant de bonnes fêtes de fin d’année ?