Marie-Pierre Moinard
Lundi
Bonjour, merci à David pour son témoignage durant le Salon International de l’Agriculture (page officielle) ! Je m’appelle Marie-Pierre Moinard. J’ai 40 ans, j’habite Plémet dans les Côtes d’Armor et j’y suis installée avec mon mari Xavier en élevage de porcs.
L’élevage a été créé en 1971. À mon installation, j’ai démarré avec 140 truies Naisseur engraisseur partiel (une partie de l’engraissement à façon) et 45 hectares, avec semi Fabrication d’Aliments à la Ferme (utilisation du maïs produit sur l’élevage). En novembre 2014, Xavier, mon mari, m’a rejoint après 10 mois de formation BPREA et nous avons créé le GAEC des « Cas Champs » (Le Cochon Des Cas Champs). Pour ce faire, nous avons saisi l’opportunité de reprendre l’élevage de mon oncle (frère de mon papa) et ma tante, située à 1 km de la nôtre, suite à leur départ en retraite. Cet élevage avait un atelier lait de 40 vaches, 70 truies naisseur engraisseur et 45 hectares de terre. Nous avons arrêté l’atelier lait et leur cheptel truies, pour reprendre seulement les 440 places d’engraissement et les 45 ha de terre.
Dès l’installation de Xavier, nous avons toujours eu comme objectif de maintenir un modèle familial sans agrandir le cheptel truies. Par contre, nous avons souhaité développer la partie foncière pour que l’exploitation gagne en autonomie alimentaire, qu’elle soit en lien avec la terre. L’objectif : tendre vers une exploitation et agriculture raisonnée et donc plus durable !En effet, aujourd’hui l’élevage, toujours avec 140 truies NE, renforce ce lien avec la terre avec 109 ha, avec un parcellaire très regroupé autour de la ferme. La partie FAF a donc été développée avec l’utilisation du blé et du maïs, produit en totalité sur les terres, ce qui représente aujourd’hui 60 % de l’aliment consommé sur l’élevage.
Bonne semaine en notre compagnie !
Mardi
Depuis l’époque de mon père, nous sommes restés sur un élevage de taille familiale par choix. Nous avons un lien fort avec la terre. Nous avons développé la fabrication à la ferme de notre propre alimentation, d’abord en maïs et depuis 2018 avec l’intégration de blé dans les rations. Nous complémentons celle-ci pour l’engraissement des cochons.
On tend vers un modèle durable en visant l’autonomie alimentaire. Dans le contexte actuel de crispation sur les prix de l’aliment, notre résistance est un peu meilleure mais on souffre aussi.
Mercredi
En parallèle, du modèle « durable » que nous avons souhaité développer, nous avons changé la race de porc par du « Duroc » reconnu pour sa rusticité, sa viande de qualité (viande persillée en gras, tendre et goûteuse). Nous avons également travaillé sur la qualité de notre alimentation avec un formulateur privé…car il ne suffit pas d’élever un cochon sur paille ou dans un pré pour dire que c’est de la qualité, il faut aussi que l’animal soit bien nourri et bonne santé ! Pour ce faire nous avons travaillé sur nos aliments à partir des céréales produites sur l’élevage et en parallèle nous apportons sous formes de cures des extraits de plantes (alternatives aux antibiotiques) dans l’eau de boisson. Tout ceci nous permet de maintenir nos porcs en bonne santé, pour une viande saine ! Aujourd’hui nous sommes certifiés sous la charte « Sans OGM, sans Antibiotiques 42 jours ».
Jeudi
En plus des rations d’aliments « classiques », nous utilisons des extraits de plante sur l’élevage depuis 2012. Un formulateur privé nous a aidés sur la phytothérapie. On l’utilise sous forme de cure pour les cochons de leur naissance jusqu’à la fin de l’engraissement. Elle agit sur le digestif, le portage streptocoque et le respiratoire. Dans les moments de passages viraux, on n’a pas trop de soucis. Ça nous permet d’éviter le recours aux antibiotiques. L’eau est traitée également de façon naturelle avec une base d’acide citrique. On la contrôle tous les 6 mois et si besoin on nettoie mécaniquement les tuyaux.
Vendredi
Nous avons toujours aimé communiquer sur notre métier, nos pratiques au travers de visites de l’élevage, de touristes, écoles…et aimé transmettre notre savoir et passion à nos stagiaires. C’est suite à une de ces visites que nous avons eu le déclic de nous lancer en vente directe…Après de nombreux encouragements, nous nous sommes lancés en mars 2018 à vendre en direct notre viande de porc sous forme de colis pour particuliers.
Pour ne pas prendre de risques, avec peu d’investissements, nous avons fait le choix de déléguer la transformation à la société SARL AVAC Laurenan (22). Tandis que l’abattoir QUINTIN Viandes s’occupe du transport et de l’abattage. Nous nous sommes donc concentrés sur la commercialisation de nos produits tout en gardant la main sur l’élevage. La recherche d’une méthode traditionnelle et artisanale a été cruciale dans le choix de notre partenaire pour la transformation.
Progressivement, nous avons développé notre clientèle, au moyen de différents outils de communication…et sommes reconnus aujourd’hui sur la qualité de la viande. C’est un plaisir d’être au contact du consommateur, cela est valorisant et redonne du sens à notre métier.
Depuis juin 2020, en plus de la viande fraîche, nous proposons également nos conserves de porc (plats cuisinés, pâtés, rillettes) transformées par la conserverie HANDAYE à Plessala (22). Ce qui nous permet d’accéder aux marchés de producteurs et de proposer nos produits en dépôt dans différentes boutiques locales.
Depuis les confinements liés à la crise sanitaire de COVID 19, nous proposons aussi les produits de d’autres producteurs locaux. Nous organisons tous les ans pour nos clients, un marché à la ferme d’été, sur lequel nous réunissons tous ces producteurs. Depuis 3 ans, la gamme de produits s’est donc agrandie naturellement, et aujourd’hui nous proposons tous ces produits toute l’année (conserves porc et bœuf, miel, galettes, crêpes, bière, fromage de chèvre, glaces…). Pour faire valoir la région de Xavier, originaire de Touraine, nous proposons même du « vin » de nos amis viticulteurs. Cette gamme de produits est un service supplémentaire qui nous l’avons remarqué plaît aux clients !En 2018, nous avons démarré notre commercialisation dans un local prêté gracieusement par mes parents, déjà équipé d’une chambre froide situé face à leur gîte dans le village de « Fahelleau » à 800m de la ferme.
Ramener le commerce à la ferme, c’est aussi habituer les gens à venir voir comment c’est fait et de comprendre un peu mieux nos contraintes.
La vente directe nous permet de passer des messages, les consommateurs y sont sensibles. C’est notre façon de communiquer, notre pierre à l’édifice . Nous mettons beaucoup d’énergie dans la vente directe. Ça fait battre le cœur de l’élevage. J’ai ça dans le sang, j’ai besoin de relationnel !
Merci de m’avoir suivie cette semaine !