Sébastien Brousse

Sébastien Brousse
Éleveur de vaches laitières et allaitantes
Creuse (23)

De temps en temps, Agribretagne s’autorise une escapade en donnant la parole à une agricultrice ou à un agriculteur hors Bretagne. Cette semaine, Agribretagne devient AgriCreuse avec Sébastien !

Lundi

Demat amis bretons et bonjour au reste du monde merci à Agriculteurs de Bretagne de me faire confiance pour cette semaine et merci à Laurie de me passer le relais.

Je me présente, je suis Sébastien Brousse, 42 ans, papa de deux enfants de 13 et 10 ans.

Et oui cette semaine vous je vous accueille en Creuse.

– où ça ?

-En Creuse

-c’est où ça ?

Mon arrière-grand-père a acheté 30ha d’un ancien domaine pour s’y installer avec sa famille de 7 enfants en 1919 et je suis la 4ème génération d’agriculteur à mettre en valeur cette terre qui porte le souvenir de mes aïeux.

Je me suis installé au début du siècle en gaec avec mes parents sur la ferme familiale pour la porter à 100 ha, avec à l’époque 35 vaches laitières et une vingtaine de charolaises. Après les retraites successives de mes parents, Quentin mon cousin me rejoint en 2015.

Le GAEC compte aujourd’hui 150 ha où l’on cultive de l’herbe mais aussi 17 ha de maïs et 25 de céréales. Nous avons 60 vaches laitières et 50 charolaises le tout situé sur la Creuse et le Puy-de-Dôme.

Mardi

#babycorn is born.

Pour lui cette chaleur est idéale mais malgré la forte capacité de résilience du maïs, s’il ne pleut pas dans les prochains jours, son démarrage sera fortement perturbé.

Semaine importante sur la ferme car nous allons réaliser l’ensilage d’herbe (mettre de l’herbe en « conserve ») qui servira à alimenter les tout l’hiver.

« Si tard ! » diront certains. Nous sommes à 700 mètres d’altitude et à 40 minutes de piste de ski 🥶

Ici l’hiver dure 6 mois, le maïs risque de geler, il peut y avoir de la neige sur la tête en mai comme en octobre et que parfois les températures peuvent descendre sous les -20°. D’où l’importance de réaliser des stocks de qualité.

Et la qualité passe évidemment par la propreté du stockage donc aujourd’hui c’est nettoyage du silo. Ça commence évidemment par enlever les vieilles bâches qui seront recyclées grâce à Adivalor.

Mercredi

Toujours en plein préparatifs pour l’ensilage avec une quantité un peu inférieure à d’habitude à cause d’une météo pas très favorable mais le stade de récolte est bon alors je vise la qualité à défaut d’une grosse quantité.

L’ensilage est toujours une période où l’entraide est primordiale et une occasion particulière de retrouver les collègues. Par exemple, c’est Tristan qui fauche pour moi et moi je vais l’aider à andainer.

Andainer ? Kezako? C’est regrouper les bandes d’herbe fauchée. Mais pourquoi faire ? Cela permet de gagner du temps à la récolte car on ramasse ainsi 3 bandes au lieu de 2 par passage. Ça permet d’aérer les bandes pour qu’elles soient plus sèches au moment de la récolte.

Jeudi

Hier c’était le grand jour ! Et quand je dis grand jour : 8h30 – 23h sur le tracteur en descendant 1h à midi et pour traire le soir. Ça commence à faire une grande journée mais bon, 50 ha d’herbe ramassée et tout ça avant la pluie annoncée pour aujourd’hui. Après la fauche et l’andainage que l’on a vus hier arrive le moment du ramassage. L’ensileuse avale l’herbe qui fait 50 cm de long et la coupe en brins de 5 cm pour la jeter dans une remorque.

Cette herbe coupée est ensuite amenée au silo, tassée pour chasser l’air puis on referme le silo avec une bâche en plastique de manière à le rendre complètement hermétique comme une boîte de conserve. Cette journée de récolte représente environ 40 % de l’alimentation des vaches l’hiver.

Tout ce travail est réalisé grâce à Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (cuma) et à l’entraide entre agriculteurs. Quelque chose qui reste un ancrage fort dans notre secteur et sur lequel on peut compter.

En bonus amis bretons, j’ai gardé un peu de soleil dans une remorque pour vos jours de pluie ☀️ ! Et en plus je vous montre l’endroit le plus cool pour un fils d’agriculteur pour faire la sieste : l’ensileuse 😴

Vendredi

En tant qu’agriculteur, la biodiversité c’est notre quotidien. Aujourd’hui, c’est inventaire de zones humides pour voir quelles parcelles méritent d’être classées dans cette catégorie. J’accepte donc bien volontiers d’accueillir cet inventaire sur ma ferme.

Je ne peux pas vous laisser sans vous parler de la #Creuse. Avant-dernier département en terme d’habitants (120 000), notre département a su conserver son charme, son calme et son authenticité tout en misant sur le progrès et l’accueil.

Riche d un patrimoine important, qu’il soit historique (châteaux, abbayes), culturel (Cité internationale de la tapisserie – Aubusson, festivals, musées) et naturel (parc naturel régional, des milliers de kilomètres de chemins de randonnée et des centaines de plans d’eau), la Creuse mise aussi sur la modernité avec le déploiement de la fibre sur l’ensemble du département et des entreprises de pointe qui travaillent pour l’aérospatial ou la médecine de précision… en gardant une agriculture importante et respectueuse de l’environnement.

Que ce soit en vacances ou à l’année, n’hésitez pas à venir vous imprégner de #EspritCreuse et offrez-vous un château pour le prix d’un studio. Nous ne sommes pas très nombreux donc ici vous serez toujours quelqu’un d’important. Plus d’infos sur creuse.fr et sur tourisme-creuse.com

Agriculteurs de Bretagne m’a dit #VendreditoutestPermis. Ils ne savent pas ce qu’ils font ! Alors je vais vous expliquer pourquoi j’aime la Bretagne.

J’AIME :

  • la pluie
  • les gens habillés en marinière avec un ciré jaune
  • me baigner dans une eau à 5 degrés
  • le beurre doux. Ah non ça c’est pas vous.

Plus sérieusement, mon travail m’emmène régulièrement en Bretagne et j’y ai découvert des gens passionnés et passionnants, amoureux et fiers de leur territoire et de leur culture. Des gens qui osent, qui entreprennent parfois même au risque de déplaire aux plus frileux.

Ils savent que l’échec est parfois sur le chemin de la réussite mais ils n’attendent pas que les autres se plantent pour avancer. Oui, il y a parfois eu des excès mais des leçons en ont été tirées et les choses ont changé et vous pouvez être fiers de vos agriculteurs.

Oui fiers de l’agriculture bretonne si souvent décriée à tort. Elle est diverse, innovante, respectueuse, riche d’hommes et de femmes portés par l’envie de toujours faire mieux, créatrice d’emplois, impliqués dans la vie locale.

Bravo à vous et kenavo !