Frédéric Masson
Lundi
Bonjour à tous, merci Ludovic pour ton témoignage de la semaine passée.
Je m’appelle Frédéric Masson, j’ai 45 ans, je suis installé depuis 2009 en polyculture et élevage porcin. Avant mon installation, j’ai fait mes armes en tant que salarié dans une maternité collective porcine.
Je me suis installé avec mon frère Mickaël, âgé de 48 ans, qui était déjà installé avec mes parents. Nous sommes la seconde génération. En effet, mes grands-parents étaient également agriculteurs sur Rennes : du côté de ma mère, ils étaient maraîchers, tandis que du côté paternel, ils travaillaient en polyculture.
Notre ferme se constitue de deux sites sur le canton de Montfort-Sur-Meu (35) :
– Sur le site principal, nous avons 250 truies naisseur/engraisseur (les porcs naissent dans notre ferme et y sont engraissés afin de fournir de la viande). Nous sommes en mâle entier depuis 2014 et sous le cahier des charges Porcs Elevés sans Antibiotiques zéro jour depuis 2017. Nous avons aussi une fabrique d’aliments, une station de traitement de lisier, et nous travaillons 140 ha de terres.
– Le second site est situé à quelques kilomètres. Il se compose d’un atelier d’engraissement et de 80 ha de cultures.
Pour la partie porcine de la ferme, nous travaillons avec la Cooperl. Tandis que pour les cultures, nous travaillons avec Eureden.
Notre ferme a beaucoup évolué depuis l’installation de mes parents en 1974. Ils ont commencé en élevage de porcs et de vaches allaitantes (les animaux sont élevés pour produire de la viande) en race Charolaise. Ils ont également élevé des veaux. Puis dans les années 90, ils se sont focalisés uniquement sur l’élevage de porc.
Comme je le dis souvent, j’aime plus que tout au monde mon métier. Mais pour être bien dans son boulot, il faut être aussi bien dans son corps, et être épanoui. Pour cela quoi de mieux que le sport ! Je fais du badminton, et je suis président de mon club. Je complète mon activité sportive par du trail et du VTT.
Suivez-moi cette semaine et les cochons n’auront plus de secret pour vous !
Mardi
Je vais vous expliquer une journée type dans mon élevage. Mais avant, pour comprendre, je vais vous parler des conduites en bandes. En élevage porcin, il y a plusieurs façons de gérer son cheptel, on appelle ça la conduite en bandes. Les plus répandues sont :
– À la semaine : sur une semaine, vous avez le sevrage/saillie mise-bas. On utilise cette conduite dans les élevages où les truies sont nombreuses, car c’est plus facile pour s’organiser.
– 7 bandes : Cette conduite est la plus répandue, elle dure 3 semaines. La 1ʳᵉ semaine a lieu le sevrage, la seconde est dédiée aux inséminations et ensuite, c’est le temps des mises-bas et ainsi de suite.
– 5 bandes : Elle se déroule sur 4 semaines : 1ʳᵉ semaine sevrage, 2ᵉ semaine inséminations/mise-bas, puis les 2 semaines suivantes sont plus calmes avec les transferts, le lavage…
– 4 bandes : l’intervalle entre chaque bande est de 5 semaines. Le sevrage couramment pratiqué intervient au bout de 21 jours. En revanche, la maternité reste vide une semaine après le sevrage.
Dans ma ferme, nous sommes en conduite de 5 bandes. Cette conduite me permet d’alterner entre 2 semaines plus soutenues puis 2 semaines plus calmes. En règle générale, c’est le moment où on essaie de faire les travaux des champs ou divers travaux.
Maintenant que vous maîtrisez les différentes conduites d’élevage, je vais vous parler comment se passe une journée type.
Je commence mes journées à 7h dans l’élevage. Cela débute par le suivi des repas en maternité, puis des gestantes. Je passe rapidement vérifier que toutes les auges sont bien vides avant le repas, puis je surveille la distribution. Le suivi des repas est très important. En effet, c’est à ce moment-là qu’on peut se rendre compte si une truie va bien ou pas, car si elle ne se lève pas pour manger, cela veut peut-être dire qu’elle ne va pas bien (mal aux pattes, fiévreuse …) ou pas. Puis je m’occupe des porcelets en maternité où il faut mettre de l’aliment frais chaque jour dans des petites augettes.
En fonction de la semaine, il y aura les inséminations à faire, les échographies, déplacer des truies, faire des ELD (contrôle de l’Epaisseur du Lard Dorsal), du lavage, des départs de charcutiers pour la vente… Enfin bref, vous l’aurez compris, chaque jour est différent, c’est ce qui fait que ce métier me plaît.
L’ensemble de l’élevage est nourri à la soupe, sauf pour la nurserie et le post-sevrage qui eux sont nourris d’aliments secs. L’alimentation soupe consiste à mélanger l’eau et l’aliment dans un grand bol mélangeur. Puis grâce à une pompe et des vérins pneumatiques, la soupe est distribuée et pesée automatiquement, car oui la machine à soupe est sur pesons, cela veut dire qu’elle pèse au gramme près la quantité donnée aux truies comme pour les charcutiers. Les céréales que je donne sont cultivées sur la ferme. Il s’agit du blé, de l’orge et du maïs. J’achète un complément afin de reconstituer un aliment équilibré. Les seuls aliments complets que j’achète sont ceux pour le 1er âge.
Mon frère lui s’occupe de la nurserie/post-sevrage et de l’engraissement. Vers 9h30 tous les repas sont distribués, direction la pause-café. En fonction de la semaine, je retourne à l’élevage ou dans les champs. Vers 17h30 je reviens suivre les repas en maternité, et en général vers 19h je finis mon travail direction la maison, sauf si nous sommes dans les semis ou en moissons, là, il n’y a pas d’heure
Mercredi
Dans la vidéo d’aujourd’hui, je vais vous montrer comment on réalise les inséminations.
Une fois toutes les étapes de la vidéo réalisées, nous procédons à l’insémination de la truie.
Jeudi
Le sevrage, qu’est-ce que c’est ? Cela consiste à séparer les porcelets de leur mère une fois qu’ils peuvent être autonomes. Je sèvre le mercredi matin.
Le mardi, je commence à préparer le sevrage. J’inscris sur une fiche le numéro de la truie, le nombre de porcelets qu’elle a eu, les conditions de mises bas (et éventuellement si elle a eu des problèmes ou difficultés). Cela me permettra, lors des prochaines mises-bas, de faire attention et d’avoir un meilleur suivi. Je note également le nombre de sevrés.
Je fais aussi les ELD (les épaisseurs de lard). Ainsi, je connais l’état corporel de la truie. J’ajuste sa courbe alimentaire en fonction des résultats, et je la mets sur la même auge que des truies de son gabarit. Pour ce faire, j’utilise l’appareil comme sur la photo, ainsi en mettant un numéro sur sa case, je peux anticiper et m’avancer pour savoir sur quelle auge et avec qui elle ira. Je réalise un tableau avec le numéro de la salle où elle sera à récupérer pour son transfert avec son ELD et la vanne où elle sera mise.
Le mardi soir, j’enlève toutes les lampes infrarouges des cases, je mets les truies a 50 % de leurs rations alimentaires pour commencer à faire un flushing : cela consiste à diminuer la veille le repas et augmenter sur les 3 jours suivants la ration.
À 7h le mercredi, je sors dans un premier temps les porcelets qui iront dans la nurserie. J’ouvre 2 cases en mettant de préférence les 1ères portées ensemble (lorsqu’il s’agit pour la truie de sa 1ʳᵉ mise bas) puis idem pour les 2ᵉ portées. Pour les autres je mélange sans importance. Je procède ainsi, car certaines études ont montré que d’un point de vue sanitaire c’était mieux.
Vers 8h30 je sors les truies, le sevrage est terminé. Je lave le couloir et mets les salles à tremper ainsi que le détergent afin de faciliter le lavage. À 9h je file au café pour revenir vers 9h30 et commencer le lavage. Pendant que je lave, mon frère vaccine les porcelets et leur donne à manger. Je finis de laver la 1ʳᵉ partie des salles vers 12h30, je vais déjeuner et je reprends à 13h30 pour terminer vers 17h30. Une fois fini, je vais désinfecter les maternités.
Le jeudi est un peu plus calme, après les repas du matin, je lave les truies qui ont été sevrées la veille et leur applique un déparasiteur sur le dos. J’en profite également pour faire de l’administratif ce jour-là (les saisies informatiques de la semaine par exemple), des réparations si nécessaire, et préparer la salle pour le lendemain.
Le vendredi est consacré aux futures truies qui mettront bas la semaine suivante. Je les rentre le matin en maternité. Avant de rentrer, elles passent par la case douche. Je lave mes truies avant de les rentrer pour qu’elles soient toutes propres. Ensuite, je mets les lampes chauffantes et les jouets aux truies.
Vendredi
Une fois le maïs récolté et broyé, il servira comme base dans la ration des porcs charcutiers. Chaque jour, nous remplissons une cuve qui alimente directement la machine à soupe pour la préparation des repas. Pour ce faire, nous utilisons un télescopique.
La ration des porcs charcutiers est composée à 80% avec nos céréales (50% de maïs et 30% de blé) les 20% restants sont achetés directement chez un fabricant d’aliments.
En ce qui concerne les truies, j’utilise à 50% nos céréales. Cette ration évolue en fonction du stade physiologique des animaux : la formule sera soit à base de blé ou d’orge. Nous cherchons le plus possible à être autonome afin de réduire les coûts alimentaires. Pour vous rendre compte, la partie alimentation représente environ 70% du coût de production, ce qui est très important !
Merci de m’avoir suivi cette semaine. Si vous voulez continuer à avoir de mes nouvelles je suis sur Twitter @mafred35 et sur TikTok : mafred351.
La semaine prochaine je laisse ma place à Rozenn Cueff qui est productrice de lait dans le Finistère. A bientôt !